« Le mal est que je pense toujours de la sorte, » — ajoutait Charles Monselet vers la fin de son existence.
Statues et Statuettes contemporaines, tel est le titre du premier volume de Monselet, édité à Paris en 1852, par les libraires D. Giraud et J. Dagneau.
« Sous le titre de Statues et Statuettes contemporaines, a écrit Charles Asselineau (Athenœum français, 27 novembre 1852), M. Monselet a rassemblé une quinzaine d’articles biographiques et critiques imprimés déjà par différents journaux.
» La grosse pièce, le morceau capital du volume, est la notice sur Chateaubriand imprimée en 1848 dans la Presse, comme introduction aux Mémoires d’Outre-Tombe… Il y avait un certain courage de la part d’un nouveau venu à s’attaquer à une aussi imposante figure (celle-là pour sûr est une statue). On peut dire que M. Monselet a assez bien supporté le poids du colosse ; l’article répond à ce qu’on pouvait attendre. — Je remarque surtout qu’aucun des points de la vie si multiple de Chateaubriand n’y est omis : le voyageur, l’homme politique, l’écrivain, le ministre, l’historien, le journaliste et le poète même sont successivement passés en revue et appréciés par l’auteur. C’était une tâche difficile en face de laquelle on ne pouvait guère se soutenir qu’appuyé sur un parti pris d’avance. — M. Monselet a pris le parti de l’admiration.
» Parti pris à part, cette notice contient plus d’un passage curieux et plus d’une page bien écrite. Nous extrayons, pour donner une idée de la manière de M. Monselet, quelques lignes du dernier paragraphe, où, après avoir rapporté les prophéties de Chateaubriand sur l’avenir de la politique, il trace un rapide exposé de nos dernières révolutions littéraires pour arriver à pronostiquer l’état futur des lettres en France :
« … Toujours une révolution purge violemment une littérature. Elle fait l’idée plus palpable et le langage plus vrai.