Aller au contenu

Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
SA VIE, SON ŒUVRE

ma ferveur et de mon zèle. À défaut du renom poétique, si difficile à conquérir, je me contenterai avec reconnaissance d’un peu de gloire culinaire.

» Les casseroles onl aussi leur airain. »


Cette première confession, Monselet devait la renouveler longtemps après — en vers, cette fois (Encore un ! Paris, 1885).


Lorsque j’étais un écolier,
Noircissant déjà du papier
Comme un précoce mercenaire,
Je rencontrais à chaque instant
Un jeune enfant vêtu de blanc
Qui me ressemblait comme un frère.

Il avait un bedon naissant.
Un sourire réjouissant,
Une bouche fraîche et vermeille ;
Il portait un nez retroussé,
Un peu large et déjà rosé,
Et sur la tête une corbeille.

Comme j’allais avoir quinze ans,
Et que mes chansons au printemps
Retentissaient par la bruyère,
Je vis, un frais panier au flanc,
Un jeune homme vêtu de blanc
Qui me ressemblait comme un frère.

Son air était malicieux ;
Il me traita de songe-creux
Et persifla ma chansonnette ;
Puis, sur un signe de la main,
M’entraînant au fond du chemin.
Il me donna de sa galette.

Me poussant vers le cabaret
Il me versa du vin clairet,
Et me fit troquer toute joie
Contre un plat bien assaisonné,
Un poisson dûment citronné,
Ou contre un lourd pâté de foie.