Lorsque je voulais travailler,
Il arrivait pour me railler ;
Et moquant Byron ou Sénèque,
Il laissait une vague odeur
De mayonnaise ou de chou-fleur
Jusque dans ma bibliothèque…
La création du journal le Gourmet avait été précédée de quelques essais gastronomiques qui tendraient assez à prouver le dire du poète.
En 1853, dans le journal Paris (no du 24 novembre), un article virulent sur la cuisine se termine ainsi :
« … La cuisine attend sa révolution, voire même sa terreur.
» Il faut qu’elle se renouvelle et se transforme comme toutes les choses ; c’est l’inévitable loi. Elle traversera peut-être un bain d’eau marie, n’importe ! j’ai foi dans ses destinées. La cuisine ne peut périr… »
En 1854, le poète publie les Vignes du Seigneur, où il chante le Médoc et ses grands crus, et qui débute par une Ode à l’ivresse.
Bientôt après paraît l’étude sur Grimod de La Reynière dont il faut mettre en relief le passage suivant :
« … Remarquons avec inquiétude que, si la race des gastronomes est loin de s’éteindre, que si la dynastie des cuisiniers célèbres se perpétue heureusement parmi nous, en dépit ou peut-être à cause des casse-têtes politiques, remarquons, dis-je, qu’il n’en est pas de même des auteurs spéciaux, des auteurs ès sensualisme, dont les enseignements nous font défaut depuis un certain nombre d’années. De toutes les plumes sérieuses qui font jouer un rôle important au papier, aucune n’a consenti à se vouer au développement de cette science que nous appellerons la science universelle. À quoi cela tient-il ?
Nous ne pensons pas que ce soit un amour-propre mal entendu qui éloigne de ces matières nos hommes de lettres actuels… Tous les jours les poètes ne chantent-ils pas le vin,