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SA VIE, SON ŒUVRE

offrant, comme Grimod de La Reynière, « l’heureux accord d’un talent aimable et d’un vaste estomac ». Mais on ne peut cependant pas biffer d’un trait de plume tous les écrits de Charles Monselet — et ils sont nombreux — sur ce chapitre de la table : — récits, biographies, fantaisies, poésies — non plus qu’on ne peut nier leur attrait ni leur mérite.

Le Gourmet — pour en revenir au Gourmet — fit parler de lui : les rédacteurs ne lui manquèrent pas et plusieurs articles furent remarqués. Bientôt, éprouvant le besoin de pendre la crémaillère, Monselet réunit ses amis, à la façon de son illustre devancier, dans un dîner au Grand-Hôtel, qui eut plein succès.

Malgré tout cela, malgré les admirations et les collaborations, les abonnés firent défaut, ce qui devait amener fatalement la chute du Gourmet. Le 1er août I808, son vingt-quatrième et dernier numéro était mis en vente : la collection en est devenue rare aujourd’hui — et chère.

Encouragé cependant dans cette voie, Charles Monselet publia peu après un volume : la Cuisinière poétique (1859), toujours avec le concours des fidèles collaborateurs du Gourmet, c’est-à-dire : Méry, Alexandre Dumas, Théodore de Banville, Théophile Gautier, Émile Deschamps, Clément Caraguel, Auguste Barthet, Émile Solié, Xavier Aubryet, Aurélien Scholl, Charles Bataille, etc…

« Les collaborateurs de la Cuisinière poétique ne sont pas, on le voit, des cuisiniers ordinaires, et les recettes qu’ils ont publiées sous la direction du chef Monselet sont loin d’être banales, a dit M. Georges Vicaire dans sa récente Bibliographie Gastronomique[1]. Ce petit ouvrage, où fourmillent les anecdotes les plus spirituelles en même temps que les plus culinaires, est en prose et en vers. Alexandre Dumas y donne la manière de faire rôtir un poulet ; Duranty, celle de traiter les boudins

  1. Paris, Rouquette, 1890.