de Lille, et, tandis que Méry chante, en alexandrins, les apprêts savants de la bouillabaisse chère aux Marseillais, Monselet disserte avec l’esprit le plus fin et le plus délicat sur les avantages et l’utilité de la gastronomie. »
Monselet n’en continuait pas moins, entre temps, avec succès, la campagne commencée au Figaro. Les libraires Hetzel et Lévy, qui venaient d’imprimer la Cuisinière poétique, comprirent également dans leur collection, aujourd’hui recherchée, les premières fantaisies du journaliste. Le Musée secret de Paris (1889), tel est le titre de ce petit volume dans lequel on retrouve la plupart des articles de genre qui placèrent Monselel à l’avant-garde des écrivains du Figaro : les Bordelais, la Boîte aux lettres, Ballades parisiennes, le Poème du créancier, les Trois monologues du mari, le Propriétaire, etc.
De son côté, Poulet-Malassis éditait luxueusement les Tréteaux de Charles Monselet (1859), un des livres aujourd’hui les plus vantés de l’auteur et qui renferme, dans ce genre léger où l’on veut qu’il ait tenu le premier rang, incontestablement le meilleur de son œuvre. Rappelons seulement, pour mémoire, l’Académie, la Bibliothèque, le Siège de la Revue des Deux Mondes, les deux Dumas, la Distribution des prix du Concours, — des petits chefs-d’œuvre, a-t-on dit.
C’est à cette époque que se place un incident de l’existence de Charles Monselet, que lui-même a pris soin d’ailleurs de conter par le menu (Petits Mémoires littéraires, Paris, 1885).
Malgré ses trente ans sonnés et bien sonnés, le critique du Monde illustré avait peine à tromper ses lecteurs sur la qualité des pièces dont il était chargé de rendre compte. Ce n’était plus le critique indépendant des débuts, qu’une pièce, même médiocre, mettait hors de lui, mais la malice se faisait jour quand même à travers ses causeries hebdomadaires : — on eût dit qu’il trempait dans son écritoire les flèches de M. de Cupidon. Théodore Barrière se trouva un jour atteint par une