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SA VIE, SON ŒUVRE

ses articles si réussis à raison de trente-cinq centimes la ligne — et l’on reprochait à M. de Villemessant d’avoir ridiculement haussé les prix ! C’est au contraire un dos actes les plus humains et les plus à sa louange que cette justice rendue à ses rédacteurs qui firent au début la fortune de son journal.

Voici une lettre qu’écrivit un jour à mon père le fondateur du Figaro :

Chambord, vendredi.
Mon cher Monselet,

Il n’est pas possible de faire un article plus gai, plus spirituel, que celui de Ma femme m’ennuie. Votre mot de la fin est une trouvaille. Ne pouvant lutter avec vous, et désirant cependant finir par un mot à succès, voici le mien :

Présentez-vous à la caisse : on vous comptera cinquante francs à titre de gratification.

Comment trouvez-vous mon mot ?

Poignée de mains,

H. de Villemessant.


Cinquante lianes de gratification ! Eh bien, de Villemessant faisait très bien les choses.

N’oublions pas que le Constitutionnel ne payait encore à cette époque que quatre sous la ligne à ses feuilletonistes, et l’on comprendra peut-être alors pourquoi Monselet déserta les grands journaux pour aller chercher fortune dans les petits.

Fortune ! quelle dérision.


Le Monde illustré avait engagé mon père également à raison de trente-cinq centimes la ligne, mais un jour l’Illustration ayant essayé à prix d’or d’enlever le critique dramatique de son concurrent, Paul Dalloz paya cinquante centimes la ligue de copie à son rédacteur qui resta sans hésiter.