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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/219

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SA VIE, SON ŒUVRE

Les événements malheureux de 1870 reportèrent, malheureusement aussi, le taux de la ligne à trente-cinq centimes.

Tout cela pour prouver que Monselet, au meilleur temps de sa vogue, gagnait des appointements relativement modestes.

Quant à ce que lui rapportèrent ses livres, parlons-en : J’ai entre les mains presque tous les traités échangés entre mon père et ses éditeurs. Son premier volume, Statues et Statuettes, fut publié aux conditions suivantes : « … Pour prix de la propriété de la première édition, à mille exemplaires, nous vous donnerons cent francs après la vente des cinq cents premiers exemplaires et cent francs après la vente du mille… » Or, en tout, il ne s’en est jamais vendu six cents exemplaires, et je crois même que c’est par politesse qu’on paya cinq louis à l’auteur. Il est vrai qu’aujourd’hui les Statues et Statuettes coûtent couramment dix francs.

Il en a été presque de même pour tous les ouvrages de Charles Monselet : Lévy, Dentu, Tresse… etc., ont acheté chacun des livres de l’auteur pour une somme variant de trois cents à cinq cents francs.

Il ne faut donc reprocher à Charles Monselet ni sa gêne finale, — dont il faudrait faire un reproche semblable à bien d’autres de la même époque qui ont donné au journalisme le plus clair de leur talent, ni son indépendance de plume, ni surtout l’indépendance de son esprit qui lui faisait considérer son métier — a dit Sainte-Beuve — comme un but, non comme un moyen.

La vie de Mouselet est, au contraire, un exemple de travail.

« Il naquit pauvre, il vécut pauvre tout en gagnant beaucoup d’argent et il est mort pauvre, a pu dire avec raison un de ses biographes. La faute en est à la réalité de l’existence et à la brutalité de la profession, non à l’homme.

»… Il n’en est pas moins fâcheux que l’État n’ait pas pu lui confier, pour y passer en paix ses derniers jours, quelqu’une de ces modestes retraites, tout justement faites, semble-t-il,