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SA VIE, SON ŒUVRE

prospectus qui était alors une curiosité et qui est aujourd’hui une rareté… »


Notre directeur voulait en somme ressusciter l’Illustre Théâtre du xviie siècle — et remettre en honneur certaines œuvres des maîtres anciens, les plus caractéristiques et les moins vulgarisées, telles que le Sicilien et la Comtesse d’Escarbagnas, de Molière, puis aller du Molière délaissé au La Fontaine inconnu, enfin ressusciter Dancourt et ses verdeurs joyeuses, Poinsinet, Collé, etc. — tout en laissant le champ libre aux auteurs nouveaux.

Mais l’écrivain avait compté, pour la réussite de son projet, sur les souscripteurs, et les souscripteurs ne vinrent pas : Charles Monselet fut ainsi renvoyé encore une fois à ses livres et à ses journaux…, j’allais écrire — à ses fourneaux !

C’est qu’en effet le gourmet semble reparaître après un long jeûne. En même temps qu’il publie Gastronomie (1874), notre chroniqueur commence dans l’Événement une série de Lettres gourmandes — qui relèvent autant de la littérature que de la cuisine, et où le parfum de l’ambre se mêle agréablement et discrètement à l’odeur de l’ail.

À cette époque, Monselet, toujours et depuis si longtemps déjà sur la brèche, a reconquis une nouvelle célébrité : — aux yeux de la génération actuelle, il est le type de l’homme de lettres répandu, touchant à la fois au théâtre, au livre, au journal, et à qui ses nombreux écrits ont valu une réputation méritée. C’est un des aînés de la littérature dont on reconnaît et apprécie l’érudition, c’est un homme aimable et accueillant, dont la renommée de bonté marche de pair avec celle qu’il s’est acquise d’un épicurien sensuel, amant de la bonne chère et des plaisirs.

Tel paraît Monselet à la surface, — tel le voilà étiqueté pour la postérité.

Philosophe avant tout — ayant fait depuis longtemps pro-