injuste, où l’indifférence est coupable, où l’abandon moral serait criminel.
D’autres vous ont parlé plus longuement de son œuvre, messieurs ; je n’ai voulu, moi, que marquer d’un sinet uue page de sa vie… »
C’est un des journalistes les plus distingués de la presse parisienne, M. Charles Laurent, qui s’est exprimé en ces termes délicats sur la tombe de Charles Monselet — rendant ainsi hommage à un écrivain qui, tout indépendant qu’il s’était montré, avait su néanmoins, au moment du danger, mettre tout l’esprit qu’on voulait bien lui reconnaître au service d’une cause qu’il croyait juste.
On a parfois querellé Monselet au sujet de ses opinions politiques, — mais il s’est expliqué nettement sur ce chapitre, comme sur tous les autres.
Dame ! c’est que Monselet, né sous la seconde restauration. témoin plus tard de 1848, arrêté comme journaliste sous l’empire, et, finalement, assistant en 1870 à l’établissement définitif de la république, — a traversé en somme une époque assez tourmentée où il eût fallu l’æs triplex dont parle Horace pour ne pas varier un seul instant.
Notre écrivain trouva son excuse dans ce proverbe : « L’homme absurde est celui qui ne change jamais, » — et, à son tour, il essaya de justifier ce proverbe.
Mais le xviiie siècle, qui avait déteint sur le littérateur, lui avait prêté également ses tendances révolutionnaires, — et Monselet, qui, en politique comme en gastronomie, avait pu s’accommoder de différentes sauces, fut bien vite conquis au nouveau régime.
Sa réponse au journal le Pays, — en décembre 1878 — est nette et digne :
« … Le Pays veut que je lui explique comment je suis devenu républicain.