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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/273

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SA VIE, SON ŒUVRE

» Je pourrais envoyer promener le Pays, comme c’est mon droit ; mais pourquoi ? J’aurais l’air d’éviter un débat, sous prétexte que j’y ai été provoqué avec grossièreté.

» Je suis devenu républicain avec toute la France et comme toute la France, après le suicide de l’empire, après la morne reddition de l’épée napoléonienne.

» Cela ne paraît pas une raison suffisante au Pays, il est bien difficile.

» J’en ajouterai donc quelques autres.

» Je suis devenu républicain en m’apercevant que les plus grands écrivains de notre temps étaient républicains : Michelet, Victor Hugo, Edgar Quinet, Louis Blanc, Eugène Pelletan, George Sand, Ernest Renan, Henri Martin, Jules Favre, Auguste Vacquerie, Paul Meurice…

» Les noms et les plumes les plus illustres de notre époque !

» Et lorsqu’à ces génies, à ces talents, à ces convictions, à ces noms, j’ai voulu opposer les convictions, les talents, les génies, les noms des partis réactionnaires… Qu’ai-je trouvé ? Qu’ai-je rencontré ?

» Laissez-moi me taire, n’est-ce pas ?

» Enfin, je suis devenu républicain en lisant surtout le Pays.

» Cela peut sembler surprenant, et cela n’est qu’exact.

» C’est en face de ces brutales polémiques, de ces invectives sans frein, de ce torrent d’insultes, de cette marée d’outrages, que je me suis senti pris d’une immense sympathie pour la république et les républicains.

» Je suis le produit direct du Pays.

» Et je continuerai à le lui prouver, tant que cela pourra l’amuser ou l’instruire. »


À vrai dire toutefois, et comme l’a justement fait remarquer M. Gustave Isambert dans le Temps (no du 21 mai 1888), « Monselet n’a jamais eu de rôle politique. À ses débuts, il avait été assez imbu d’idées contre-révolutionnaires ; l’expé-