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SA VIE, SON ŒUVRE

Charles Monselet a enfin comme tout homme de lettres en renom — sacrifié aux modernes en consacrant quelques lignes de préface à plusieurs écrivains ou poètes de son entourage dont on retrouvera les noms au catalogue qui termine ce volume.

Mais déjà l’homme de lettres est visiblement préoccupé de rassembler ses œuvres dont il est le premier à déplorer l’éparpillement : depuis quelque temps, ses chroniques abondent en souvenirs, qui sont autant de points de repère dans son existence si remplie : on dirait que l’écrivain tient à mettre de l’ordre dans ses papiers. Bientôt le libraire Dentu édite ses Poésies complètes (1881), édition qui attire à son auteur un remarquable éloge de Barbey d’Aurevilly.


Sainte-Beuve ! Barbey d’Aurevilly ! deux maîtres qui ont sacré Monselet poète au seuil du Parnasse et devant le jugement desquels on peut s’incliner.


Voici quelques fragments de l’article consacré à Monselet par Barbey d’Aurevilly dans les Œuvres et les Hommes (les Poètes) :

« … Monselet, ce gai, ce rieur, ce convive digne de Trimalcion, avait, au milieu de tout cela, dans un pli de son âme, comme une rose morte qui parfume plus étant morte que quand elle vivait, cette fleur coupée, la Mélancolie. Elle a parfumé non pas tous, mais quelques-uns de ses vers, et ces vers-là sont ses vrais vers parmi tous les autres, et ce sont ceux-là qui en charmeront le lecteur d’un recueil qu’il publia sur le tard, comme pour ajouter la tristesse de la vie écoulée à leur tristesse. Quelques vers, tout le passé d’un homme… tout le passé dont il veuille se souvenir… Hélas ! c’est la faute de la vie s’il n’y en a pas davantage. Le pouce cruel de la Réalité appuie souvent sur la gorge du pauvre rouge-gorge qui ne demandait jusqu’à chanter, et empêche le son de sortir. Cet homme aimable, que tout le monde appelait Monselet tout