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SA VIE, SON ŒUVRE

« Monselet laisse surtout le souvenir d’un joyeux, d’une àme heureuse et souriante qui n’avait point de fiel, point d’amertume. Il continuait, en notre spleenétique xix e siècle, la tradition des épicuriens de l’ancienne France cà la façon de Saint-Evremond et de l’abbé Galiani. Il y avait de l’abbé de cour en lui, de l’abbé sensuel et friand qui prenait le menton de Lisette en allant souper chez M""’ du Défiant ou chez M mP Joflïin.

» La grande amertume de la vie de Monselet a justement été de ne se voir jamais pris au sérieux. Essayez donc d’aller contre la réputation qui vous a été faite. La foule n’accepte que des formules et des jugements tout d’une pièce, sans croire à la variété de l’esprit humain, sans admettre que le même homme puisse être tour à tour un boulïon et un rêveur. Personne n’a eu un talent plus souple et plus varié que Monselet, quoiqu’un seul aspect de son talent soit resté connu. Il avait fait de la critique, de l’histoire, de la bibliographie, du théâtre, de la poésie, de la chronique et du roman, toujours, ainsi que l’a dit André Theuriet sur sa tombe, avec la môme franchise, la même uetteté d’esprit, cette « veine française » que reconnaissait en lui Sainte-Beuve. Il a été un éruditet un curieux ; il a, un des premiers, été l’historiographe des oubliés du xvin’ siècle, depuis la Régence jusqu’à la Révolution. Il a été surtout un observateur des mœurs contemporaines, un peintre minutieux et malicieux de la vie à Paris qu’il a mise pour ainsi dire en tableaux...

» G. Claudat. »

{Gironde littéraire, 27 mai 1888.)

« C’est avec un véritable chagrin que nous avons appris la mort de Charles Monselet, de ce charmant lettré qui avait toutes les grâces piquantes, toute la légèreté et tout l’esprit des écrivains du xvm° siècle et à qui Victor Hugo disait un jour : « Quand je vous écris quai Voltaire, où vous demeurez,