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SA VIE, SON ŒUVRE

propre fonds. El ce qu’il y a de singulier dans un homme remontant aussi haul pour ses affinités, c’est qu’il est resté tonte sa vie aussi jeune que les pins jeunes d’entre nous.

P. DE MOLÈNES. »

La Liberté, 22 mai 1888.)

... Je n’ai pasà étudier ici l’œuvre de ce polygraphe charmant, qui a touché ;’i tout, et toujours d’une main fine et légère.

Sun bagage littéraire est énorme. Outre ses ouvrages personnels, il a collaboré à (r< publications nombreuses, à des réimpressions annotées, commentées avec une érudition aimable, sans ombre de pédantisme. J’ai son- les yeux le catalogue de toutes ces publications : il comprend soixante-quatorze numéros !

Monselel avait, comme on le voit, la paresse féconde. 

i II était un des derniers et rares survivants de l’époque où la presse n’avait pas encore été envahie par les barbares. L’injure ignominieuse n’était pas la monnaie courante des polémiques ; elle ne remplaçait point l’esprit absent et ne tenait pas lieu de grâce et d’ingéniosité. J’ai plus d’une fois cause avec lui de l’abaissement des lettres ; il en ressentait une profonde humiliation, car nul plus que lui n’avait le sentiment de la dignité littéraire. Et en notant ce fait indéniable, je n’oublie point ses petites (envies très légères ignorées du grand public. Là même, dans ces écarts d’une poésie clandestine, on retrouvait le sceau du lettré délicat.

» En tout temps, comme l’écrivait en 1774 l’abbé Galiani à M d’Épinay, il y eut un art de tout dire et de tout écrire sans aller en prison : « Si vous ouvrez la porte à la liberté » du langage, ajoutait-il, au lieu de chefs-d’œuvre d’élo-

quence tels que les remontrances des parlements, voici • les remontrances qu’un parlement fera : « Sire, vous êtes » un s....-j...-f ! »

» Cel homme voyait de loin... »

(Républicain Orléanais, 23 mai 1888.)