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SA VIE, SON ŒUVRE

… La dernière transformation de Charles Monselet — nouveau Protée — où il apparaît directeur-rédacteur en chef du Monde bordelais, n’est pas la moins curieuse ; elle est aussi la plus éphémère.

Dans Bordeaux-Artiste, publié en 1854, Charles Monselet a écrit :

« … Les revues et journaux exclusivement littéraires n’ont jamais manqué non plus à Bordeaux… Pourquoi faut-il que ces recueils n’aient joui que d’une existence éphémère ? Il y avait là, pourtant, autant, que dans certaines gazettes parisiennes, de la verve, des promesses, de la science et de la poésie à remuer à la pelle ; il y avait des jeunes gens, comme il y en a partout et comme il y en aura toujours ; ces jeunes gens avaient de l’esprit, et ceux qui n’avaient pas d’esprit avaient de la gaité, monnaie courante et riante !

» … Hovyn de Tranchères avait attaché son nom à la rédaction de l’Homme gris ; Félix Solar signait du pseudonyme E. d’Issy les feuilletons du Courrier de Bordeaux

» … Le premier rival de l’Homme gris fut le Diable boiteux, né sur les fossés de l’Intendance, journal malin à ses heures et qui cherchait la verve de Lesage. Asmodée mourut jeune… »

Monselet avait tenu un jour à avoir, lui aussi, son propre organe : ce jour-là, à l’aide de quelques écus, fut fondé le Monde bordelais, — un « Monde » qui n’eut que neuf numéros — d’octobre 1845 à janvier 1846. Il est vrai de dire que la Revue bordelaise, qui lui succéda, était, dirigée par Gabriel Richard — ce qui était tout comme : — la Revue bordelaise expira à son tour, le 26 avril 1846, dans les bras de la Sylphide.

Charles Monselet avait eu le temps néanmoins d’y publier quelques nouveaux poèmes — entre autres le Musicien (Revue bordelaise du 5 avril 1846).

Mais les vingt ans du poète viennent de sonner ; — son rêve est d’aller à Paris, Paris qui seul fait les réputa-