Charles Monselet arrive à Paris le 19 juin 1846, et descend rue du Mail, dans un hôtel tenu alors par la belle-mère d’Émile de La Bédollière (aujourd’hui hôtel de Bruxelles).
« Dans l’été de 1846, je fis mon entrée à Paris par la diligence Laffitte et Caillard[1].
» La diligence ! Comme cela date quelqu’un tout de suite ! J’aurais pu taire ce détail, mais il faut être véridique.
» 1846 était la seizième année du règne de Louis-Philippe Ier. Dieu protégeait plus que jamais la France sur les pièces de cent sous. S’il arrivait à Dieu de détourner un instant la tête, il était immédiatement remplacé dans son protectorat par deux ministres, Guizot et Thiers, qui auraient pu s’appeler tout aussi bien Charybde et Scylla. Les Chambres des députés et des pairs étaient encombrées d’individus illustres, d’orateurs fameux, dont les noms devaient s’évaporer bientôt au creuset de l’oubli. On aurait pu remuer les avocats à la pelle. Les gros souliers à clous de M. Dupin étaient célèbres, ses palinodies aussi. Dans l’ombre d’une rue avoisinant la place du Carrousel, M. de Genoude ne cessait de réclamer le suffrage universel, qui était en route. M. de Cormenin signait Timon et était le pamphlétaire à la mode. Haines de journalistes : les Débats, dans leurs comptes rendus, se refusaient énergiquement à accorder la particule à M. Émile Girardin.
- ↑ Ch. Monselet, Suppl. littér. du Figaro, 19 décembre 1885.