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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/85

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SA VIE, SON ŒUVRE


Charivari, une petite fantaisie sur le séjour du prince de Joinville à Palma, que je vais porter à Taxile Delord. Il en est assez content et promet de l’envoyer au journal, après l’avoir corrigée. Il m’en commande une autre pour le lendemain.

L’Époque reçoit enfin le dépôt de mon feuilleton de début — petite nouvelle en trois parties — copiée de ma plus belle écriture et intitulée Berdriquet et son romancier.


Mardi. — L’Époque a lu Berdriquet. Il est vrai qu’elle n’en veut pas, mais elle l’a lu enfin. Elle m’ordonne vite de lui faire quelque chose dans le genre gracieux.

Le fait saillant de cette journée est la rencontre de Balzac dans le bureau de l’Époque, où il était venu pour une rectification dans le roman qu’il publie en ce moment : Une Instruction criminelle. Il n’y venait que par hasard et pour la première fois, car il n’y connaît personne. La vente de son ouvrage s’est faite par correspondance. Il ne s’occupe même pas de la correction de ses épreuves. C’est un homme de quarante ans, d’un embonpoint excessif, plus laid que son portrait, avec de petites moustaches et un petit chapeau ; vif, bavard, important. Cela m’a retenu de lui sauter au cou.


Mercredi. — Visite à Hippolyte Landrol, qui me dit que toute pièce bien faite serait acceptée et jouée au Gymnase. Porté ensuite à Taxile Delord un article charivarique sur Balzac et renvoyé par lui au bureau du Charivari, avec une lettre de recommandation pour le trio Altaroche-Albert Clerc et Louis Huart. Je vois Altaroche qui, naturellement, me renvoie au lendemain.

Si quelques-unes de mes journées te semblent peu remplies, c’est que je juge inutile de relater la remise de mes lettres de recommandation aux pâtissiers, ferblantiers et autres doreurs sur métaux.

De même, pour placer mon Berdriquet, j’ai vainement couru