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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/87

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SA VIE, SON ŒUVRE

À cela j’ai joint ma petite pièce de vers :


Des jours enfuis, gardez-vous La mémoire !…


Et allez donc les vingt ans !


Samedi, 11 juillet. — Comprends bien ceci : le Mari à l’épreuve et le Carreau brisé, tels quels, ne sont pas perdus. Quand nous nous appellerons Scribe et Bayard, nous les ferons jouer sans difficulté et avec succès même. C’est potable et honnêtement spirituel. Mais avec cela, nous ne forcerons jamais, nous, débutants, les portes d’un théâtre. Il faut s’appeler Gautard, être comme lui employé dans un ministère, et avoir des années entières à perdre, pour faire métier de pièces médiocres. Or, nous pouvons mieux faire que cela.

Je te parle sérieusement. Autant pour toi que pour moi. Jeunes et pas bêtes, n’avons-nous pas par le théâtre une route pavée d’or à parcourir ? Fais et envoie. Mais ne m’envoie rien qui n’en vaille la peine. Du neuf est toujours reçu, du joli quelquefois, du médiocre rarement et rien que des auteurs connus. Voilà ce que nous savions un peu à Bordeaux, mais ce qui m’est confirmé à Paris. Parole d’honneur ! nous pouvons gagner beaucoup d’argent et il me tarde de t’avoir à mes côtés pour me mettre l’épée aux reins.


Dimanche, 12 juillet. — Promenade à Montmartre.


Lundi. — Arsène Houssaye et Louis Desnoyers continuent à ne pas me répondre.


Mardi. — M. D***, le marchand de tapis des allées de Tourny, me vient visiter à neuf heures du matin. Sur la foi de ma mère, il croyait me trouver dans un galetas. Il est ébloui de l’acajou nombreux qui règne dans mon appartement. Il dira aux Bordelais que je suis devenu millionnaire. Je vois affiché Hernani aux Français — et j’y vole plutôt que d’y manquer. Quel beau drame, mais ces acteurs n’y