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CHARLES MONSELET


comprennent pas grand’chose, quoiqu’ils s’appellent Beauvallet, Ligier, Guyon et Mme|Mélingue. Il y avait beaucoup de monde.

Il y a presque à côté de tous les théâtres un marchand de vins qui vend des billets d’auteur à moitié prix. C’est jusqu’à présent Le moyen que j’ai employé. Pour deux francs vingt-cinq, j’ai été aujourd’hui aux places d’orchestre de cinq francs.


Mercredi. — J’ai continué à travailler obstinément et d’arrache-pied à la nouvelle gracieuse de l’Époque.


{{sc|Jeudi}. — Travail. Je vois avec terreur que ma plume est très leute.


Vendredi. — À huit heures et demie du soir, j’ai fini ma nouvelle. Je n’avais rien mangé depuis huit heures et demie du matin. Je dîne alors et je porte chaud à Vergniaud. Vergniaud en dévore cinq pages qu’il trouve bien et promet de s’ingurgiter les quarante autres demain matin. Cela s’appelle Jeunesse et se passe à Bordeaux. J’en suis content. Il est vrai que j’étais et que je suis encore très satisfait de Berdriquet.


Dimanche, 19 juillet. — Visite à l’Époque. Vergniaud n’a pas lu Jeunesse.


Lundi. — Je vais chez Houssaye. Houssaye étant absent, je pousse jusqu’au Jardin des Plantes. Oui, Richard, tu as un ami qui n’a pas su se conserver pur de tout obélisque et de toute girafe. Il a donc vu le Jardin des Plantes, ainsi nommé à cause des animaux qu’il renferme. Il a vu les singes, il a vu les bisons, il a vu les chèvres. Le Jardin des Plantes est très grand. Tous les ours s’y appellent Martin. Les bourgeois les agacent et leur tirent la langue en leur disant : Hou, le vilain ! Hélices de Paris !

Je reviens chez Houssaye et le trouve. Ce jeune mousquetaire habite un salon Watteau, rempli de glaces de Venise,