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CHARLES MONSELET


Dimanche 3 août. — Visite à l’Époque. Si cela leur convient à me payer pour ne rien faire, cela ne peut manquer de me convenir également.


Lundi. — Je me rends à la Bibliothèque royale, dans l’intention de travailler à ma comédie. Voici ce qu’est la Bibliothèque royale. Comme une chose toute naturelle, je demande le théâtre de Montfleury. On se met en route pour me le chercher, et au bout de trois quarts d’heure, on me rapporte, devine quoi ?… Une brochure de six pages ayant pour titre les Fri-Maçons, hyperdrame, le tout imprimé à Londres et sans nom d’auteur. Stupéfaction.


Mardi. — Le premier numéro de Jeunesse a paru dans l’Époque. Voyez-vous, les sournois ! J’aurais préféré débuter par Berdriquet, qui est meilleur.


Mercredi. — Je t’adresse, ainsi qu’à mes parents, un exemplaire de Jeunesse.

Après déjeuner, je fais un nouvel effort et me rends à la Bibliothèque royale ; là, je demande les œuvres de Poinsinet. Il me semble, n’est-ce pas, que ma prétention n’avait rien d’extraordinaire. J’attends une heure, cette fois. Au bout de ce laps, on me doune un petit volume — toujours imprimé à Londres — auquel il ne manquait simplement que le Cercle, juste ce que je voulais voir. Eh bien ?…

À quatre heures, je me dirige vers l’Époque. Vergniaud m’abouche avec Anténor Joly, ex-directeur du théàtrede laBenaissance, et directeur actuel du feuilleton de l’Époque. C’est un homme d’une trentaine d’années, brun et grand, assez maigre. Sa conversation est très fatigante, en ce sens qu’on ne peut lui parler qu’avec le crayon à la main. Anténor Joly est sourd comme un magasin entier de vases Johnston. Quoi qu’il en soit, il m’a fort complimenté sur mon feuilleton, et invité à récidiver plus longuement. En conséquence, je