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SA VIE, SON ŒUVRE


à tour foulés Henri IV, Louis XIV et Napoléon. Je suis devant les appartements de Louis-Philippe et nos deux majestés pourront chaque matin se contempler face à face. J’assisterai de ma fenêtre aux parades, aux revues, aux fanfares, et je pourrai dire aux soldats : Soldats ! je suis content de vous, — et je finirai peut-être par me croire définitivement à Paris.

Quoi qu’il advienne, j’y viendrai établir ma résidence d’été quand le fils M*** sera de retour. Peut-être demain ou après-demain.

En attendant, ma fantaisie vagabonde va butiner au salon littéraire, pour composer le miel de ma revue Houssaye.

Je n’ai su qu’aujourd’hui, en lisant les journaux, qu’on avait tiré hier sur le roi. J’étais pourtant à quelques pas de là.


Vendredi. — Je porte à l’Artiste une revue de la semaine, un peu sabrante sur Timon, Joseph Henry, le prince Albert, etc., que Houssaye s’empresse de livrer à l’imprimerie, sans en prendre connaissance. À la bonne heure, au moins ! C’est l’antipode de Verguiaud. Je lui demande un numéro de dimanche dernier qu’il m’octroie avec libéralité, en continuant à me demander une troisième tartine pour la semaine prochaine. Ce jeune fromage à la crème ne souffle mot, d’ailleurs, d’appointements. Peut-être est-ce par timidité ? Nous verrons bien.

De l’Artiste, je bondis à l’Époque, où je pratique une saignée de cinquante francs à la caisse. Il faudra bien, corbleu ! que l’on finisse par m’employer et je crois avoir trouvé le bon moyen. Inutile de te dire, du reste, que je cache soigneusement à l’Époque mes connivences avec l’Artiste, et vice versa. — Ah ! ah ! mais ce petit métier littéraire ne commence pas d’une manière trop malfilâtre, n’est-il pas vrai ? Allons, allons, je vais travailler.

Je découvre, en passant sur le Pont-Neuf, le thermomètre de l’ingénieur Chevalier : Beau, thermomètre !