De nos jours, un grand nombre d’écrivains ont consacré des pages éloquentes ou ingénieuses à Manon Lescaut : Sainte-Beuve, Jules Janin, Gustave Planche, Michelet, Arsène Houssaye, John Lemoinne, etc.
Un des premiers, en pleine période romantique, Alfred de Musset avait dédié à l’ange de Saint-Lazare ces deux strophes de son poème de Namouna :
Manon ! sphinx étonnant ! véritable sirène !
Cœur trois fois féminin ! Cléopâtre en paniers !
Quoi qu’on dise ou qu’on fasse, et bien qu’à Sainte-On
ait trouvé ton livre écrit pour les portiers, [Hélène
Tu n’en es pas moins vraie, infâme, et Cléomène
N’est pas digne, à mon sens, de te baiser les pieds !
Tu m’amuses autant que Tiberge m’ennuie.
Comme je crois en toi ! que je t’aime et te hais !
Quelle perversité ! quelle ardeur inouïe
Pour l’or et le plaisir ! Comme toute la vie
Est dans tes moindres mots ! Ah ! folle que tu es,
Comme je t’aimerais demain, si tu vivais.
Longtemps après, moi-même, — si j’ose me citer en si noble compagnie, — j’ai écrit une Lettre à Manon Lescaut.