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Page:Monselet - Curiosités littéraires et bibliographiques, 1890.djvu/23

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ET BIBLIOGRAPHIQUES

à coups de fouet de son antichambre dorée. Il ne veut plus travailler qu’à sa guise, et seulement à l’heure de l’inspiration, les yeux fixés sur la postérité. En attendant, ce qu’il faut à lord Chatterton, ce sont les succès dans le monde, et par-dessus tout la consécration politique, c’est-à-dire un siège au haut Parlement. Il l’obtient.

À dater de ce moment, la vie de Chatterton n’est plus qu’une série de fêtes et d’enivrements. C’est un homme à la mode, un dandy ; on le voit dans tous les raouts, sur tous les champs de courses ; il n’y a pas de paris extravagants qu’il ne tienne ou ne provoque. Le temps qu’il ne passe pas en Angleterre, il l’emploie à parcourir l’Italie en chaise de poste avec la belle lady Chatterton, sa femme.

Au milieu d’une telle existence, il lui reste bien peu de loisirs pour faire des vers. Chaque fois qu’il veut s’y remettre, c’est un effort une difficulté. Pourtant, rougissant de lui-même, il termine la Bataille de Hastings ; — mais il ne lui a pas fallu moins de dix ans pour cela, dix ans de bien-être et de quiétude, pendant lesquels son esprit s’est appesanti. Lord Chatterton essaye en vain de se faire illusion : il va de