Un des romans d’Alphonse Royer qui ont fait le moins de bruit est Mademoislle Béata (Paris, Dumont, 1840, un vol.).
Il va sans dire que c’est celui où il a mis le plus d’originalité et d’humour. C’est un conte hollandais, rempli de détails locaux les plus amusants du monde. J’y ai remarqué un repas de fiançailles chez M. Gottfried, riche marchand de fromages de Saardam.
On descendit dans la salle à manger, où Mlle Olympie, selon l’usage néerlandais, s’occupait à préparer le thé pour les convives. Auprès de la bouilloire anglaise, frissonnant sur un réchaud ardent, de larges et plates tranches de bœuf fumé s’étalaient sur des assiettes japonaises bariolées de magots bleus et de nuages incarnats. Aux deux bouts de la table, deux chiens de beurre, fort joliment colletés de colliers peints en vermillon, semblaient se regarder et s’entendre, le museau allongé et les pattes trempant dans l’eau. Une singulière circonstance, c’est que la table consistait simplement en une simple planche carrée, recouverte d’une nappe et appuyée sur deux tonneaux.
Le marchand de fromages du Nord-Hollande