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ET BIBLIOGRAPHIQUES

avait, ce jour-là, endossé son habit gris à boutons de nacre, et Mlle Olympie, quoiqu’il fût à peine dix heures du matin, était coiffée en cheveux, avec deux tulipes à la reine enfoncées dans son chignon bien lissé, en guise de plumet. Un tel dérangement dans les habitudes de la maison indiquait qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire, et que le thé, les tranches de bœuf sur porcelaine du Japon, l’exhibition de l’habit gris et les chiens de beurre barbotant dans l’eau fraîche, avaient été employés comme décoration de quelque coup de théâtre imprévu.

N’est-ce pas que c’est là un aimable tableau ?

Le coup de théâtre, le voici :

M. Gottfried, après avoir vidé deux fois la théière, se lève tout à coup, enlève la table dans ses bras et laisse à découvert les deux tonneaux en question, remplis jusqu’aux bords de pièces d’or frappées à l’effigie de tous les souverains des Pays-Bas.

« Ceci est la dot de ma fille unique, s’écrie le négociant en fromages, 200,000 florins bien comptés ! Cela vous va-t-il ? »

On ne fait plus assez de ces petites histoires d’un ton soigneux, à demi fantastiques, doucement spirituelles, comme Mademoiselle Béata.