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Page:Monselet - Curiosités littéraires et bibliographiques, 1890.djvu/59

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ET BIBLIOGRAPHIQUES

J’ai eu la curiosité de lire le discours rimé de l’auteur d’Atrée et Thyeste.

Le début joue à la modestie, selon la tradition :

Muse ! voici le jour si longtemps attendu,
Jour dont aucun espoir ne m’annonçait l’aurore,
Jour heureux, qui pour nous ne luirait point encore,
Si de nos seuls succès sa course eût dépendu.

Crébillon jette ensuite un regard autour de lui et s’émerveille de voir réunis tant de personnages illustres et de conditions si différentes :

Pourpre, mitres et croix, Mars, Neptune et Thémis,
Tout se confond ici, s’allie et s’humanise ;
Sans orgueil avec moi le héros fraternise.
Et je ne crois plus voir qu’une troupe d’amis.

On sait qu’à cette époque l’éloge du cardinal de Richelieu était obligatoire, ainsi que l’éloge du souverain régnant. Le poète satisfait à l’usage dans ces termes :

Âme de Richelieu, contemple ton ouvrage.
Qui doit ainsi que toi percer la nuit des temps :
Ces illustres mortels sans cesse renaissants,
Comme pour t’assurer un éternel hommage !

Quant au jeune Louis XV, il en trace un por-