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Page:Monselet - Curiosités littéraires et bibliographiques, 1890.djvu/60

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CURIOSITÉS LITTÉRAIRES

trait dont la ressemblance ne devait pas durer longtemps :

Notre bonheur constant ne dépend point des Parques.
À peine nous perdons le plus grand des monarques
Qu’un autre, jeune encor, fait briller des vertus
Que Rome à quarante ans admirait dans Titus.
Juste, clément, pieux, son austère jeunesse
Semble déjà dicter les lois de sa vieillesse.

Le Titus français devait bientôt jeter joliment sa couronne par-dessus les moulins !

Crébillon arrive enfin à son prédécesseur, au sémillant La Faye ; il trouve, pour le louer, des légèretés inattendues :

Le sel athénien, l’urbanité romaine :
Tour à tour Lélius, Malherbe ou La Fontaine ;
Aimable paresseux plongé dans le loisir,
Quel n’eût-il pas été ? Mais sa muse volage,
Parmi tant de talents qu’il n’avait qu’à choisir,
Aimait trop de l’esprit le doux libertinage.

En résumé, le discours poétique de Crébillon n’est pas fort. Il est surtout mal rimé ; — il est vrai que tout le monde rimait mal au XVIIIe siècle.

Un seul vers, parmi les deux cents qui composent ce discours, a survécu. Il est même devenu célèbre, et plusieurs auteurs se le sont,