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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/23

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quoi souffrir Rafiat après Cartouche ? Est‑ce que Bicêtre est plein ?[1] »

Voilà le début.

Regardez ce ruisseau noir qui traverse la France et l’Europe, éclaboussant les gens sur son passage, sans cesse grossi, sans cesse bouillonnant, sans cesse fangeux : c’est la haine de Voltaire. Elle rejaillit sur les plus petits comme sur les plus grands, sur les plus infimes comme sur les plus glorieux ; elle n’épargne ni le talent ni la sottise ; elle ne s’arrête ni devant le malheur ni devant la mort. Jamais haine ne fut plus ardente, plus tenace, plus subtile, plus terrible ; elle veille toujours, elle s’inquiète toujours, elle agit toujours. Elle est infatigable. Elle laisse inachevé le conte ou le poëme, pour traiter Jean-Jacques Rousseau de vil scélérat et de polisson ; elle se relève après les soupers de Berlin, pour apprendre à l’univers que Maupertuis est malade d’un excès d’eau–-

  1. Correspondance générale. Lunéville, 24 juillet 1749.