Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/113

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silence, avec des yeux où la rage et la confusion étaient peintes.

— Jouer une femme, murmura-t-il enfin, c’est plus que théâtral, c’est fou ! car ni vous ni moi nous ne pouvons engager la volonté de cette femme. Votre proposition ne peut que me mettre en demeure d’abdiquer les droits que vous me supposez sur la Marianna.

— C’est ainsi que je l’entends, dit M. Blanchard.

Les railleurs s’étaient déjà retournés contre Philippe. Il comprit le danger de sa situation, et, par un effort d’orgueil, il le surmonta. Allant à une table, il prit un paquet de cartes et dit à M. Blanchard :

— Eh bien, j’accepte.

Sa voix était altérée, son geste convulsif, mais son visage était calme. Si l’attention n’avait pas été si exclusivement concentrée sur cette scène, on aurait pu remarquer une singulière agitation dans les arbres qui formaient un rideau à la croisée ouverte et qui servaient de poste d’observation à Irénée de Trémeleu.

— Êtes-vous prêt, monsieur, dit Philippe ; je vous répète que j’accepte.

Il mêlait déjà les cartes. Le sourire de M. Blanchard disparut, et ce fut d’un ton grave qu’il répondit :

— Le fait de votre acceptation suffit pour lever tous mes doutes ; je n’hésite pas à vous en donner acte, en présence d’une preuve aussi convaincante. Restons-en donc là d’une discussion que mon intention n’était pas de pousser si avant, et d’où vous sortez avec les honneurs de la guerre.

— Est-ce une nouvelle gageure ?

M. Blanchard fit un geste de dénégation.

— Alors, c’est de la magnanimité, ajouta Philippe en raillant ; dans ce cas, je vous préviens que je ne suis pas homme à me contenter de cette défaite. Je veux jouer, à mon tour. Vous aviez raison tout à l’heure, je le reconnais : mes théories exigent