Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/114

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une épreuve ; il ne faut pas que le mot de fanfaronnade puisse être murmuré. C’est vous qui avez porté la discussion sur son terrain extrême ; elle y restera, monsieur. Voici les cartes, commençons.

M. Blanchard ne bougea pas. Témoin d’un duel pour le lendemain, il ne pouvait prendre Philippe à partie pour son propre compte.

— Eh bien… vous ou un autre ! s’écria Philippe en s’exaltant de plus en plus ; qui est-ce qui veut tenir la place de M. Blanchard ? qui est-ce qui veut s’ériger en champion du beau sexe ?

Un jeune homme se décida à sortir du cercle et à s’avancer ; un jeune homme rouge comme une pivoine, mais résolu, élégant, quelques fils de propriétaire, sans doute. Il ne pouvait y avoir en effet qu’un jeune homme pour ramasser un tel défi. Philippe Beyle réprima un mouvement de surprise, et entraîna son nouveau partenaire à une table de jeu. Autour d’eux les spectateurs se resserrèrent.

Irénée en avait vu et entendu assez ; ne se sentant plus maître de lui, il s’enfuit à travers les jardins pour empêcher l’explosion de son indignation. Ses poings se contractaient ; il respirait à doses inégales et bruyantes. Il n’avait pas fait vingt pas qu’au détour d’une charmille il se trouva face à face avec Marianna. Elle était radieuse ; tous les triomphes et toutes les félicités remplissaient son cœur et le débordaient. À sa vue, Irénée poussa une exclamation presque sauvage.

— Vous ! s’écria-t-il ; ah ! vous arrivez à propos ; venez ! venez !

Marianna recula, effrayée.

— Qu’avez-vous donc ? demanda-t-elle.

— Venez ! répéta-t-il en la saisissant par le bras et en la conduisant vers le pavillon du jeu.

La partie était commencée ; c’était une partie d’écarté ; auprès