Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/138

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— Ma foi ! oui ; il prit ses inscriptions, bon jeu, bon argent, arbora les cravates le plus sentimentales et se compromit de la meilleure foi du monde, supposant que la conseillère lui serait favorable auprès de son mari.

— Le niais ! Combien de temps dura ce vaudeville ?

— Trois semaines, un mois, après quoi la conseillère, l’ayant sans doute amené là où elle voulait, le dénonça vertueusement au conseiller.

— De manière que M. Beyle en fut pour ses espérances ruinées et pour sa courte honte, dit Pandore en riant du bout des lèvres.

— Juste ! les brocards furent même poussés si loin qu’il jugea qu’un voyage à Bade était indispensable à la guérison de sa vanité.

— À Bade ?

— Ce fut ce qui le sauva en partie, car il y joua comme un désespéré qu’il était, et (pardonnez-moi une expression empruntée encore à une rhétorique surannée) la Fortune se chargea de le venger des rigueurs de l’Amour.

— Bah ! ne vous gênez pas, dites : Plutus et Cupidon.

— Ah ! ah ! très joli ! s’écria le comte, en voulant saisir au bord du sofa la petite main qu’y laissait pendre négligemment Pandore.

— Voyons, soyez sérieux, dit-elle ; car elle prenait un vif intérêt à ce récit.

— Prêchez au moins d’exemple, spirituel démon !

— M. Philippe Beyle a donc été heureux au jeu ?

— Insolemment heureux. On assure qu’il a réalisé des bénéfices hyperboliques. C’est une compensation à son double échec en politique et en amour.

Il y eut, après ces mots, un temps de silence.

— Est-ce tout ce que vous avez à m’apprendre sur lui ? dit Pandore.

— Tout.

— Cherchez bien.

— Ma science se borne à ces renseignements ; mais si vous voulez que je résume mon opinion…