Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/137

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— Ah bien ! oui, les femmes ! ce sont elles qui se montrent le plus acharnées contre lui, répondit le comte d’Ingrande.

— Vraiment ?

— Je ne sais ce que Philippe leur a fait, mais les traits les plus acérés lui viennent surtout de leurs mains.

— C’est surprenant, murmura Pandore avec un sourire dont l’expression équivoque échappa au comte.

Celui-ci continua :

— Je n’en citerai qu’un exemple parmi dix. Il n’y a pas longtemps, Philippe se montrait fort assidu auprès de la femme d’un conseiller d’État, toujours en vue de ce secrétariat d’ambassade auquel ses efforts ne peuvent atteindre. Le mari est une de nos capacités, la femme est une de nos influences. Philippe, suffisamment lié avec le mari, s’enrôla de très bonne grâce dans les sigisbés qui font cortège autour du char de la conseillère.

— Le char ! les sigisbés ! mon Dieu ! que vous avez une rhétorique vieillie !

— Agir de la sorte, poursuivit le comte, c’était, pour Philippe, faire acte de simple politique. Mais je ne sais comment il arriva que la conseillère voulut y voir autre chose que de la politique. Les soins de noter ambitieux lui parurent de ceux qui ont la galanterie pour mobile.

— Bon ! et quel âge a votre conseillère ?

— Un peu moins de quarante ans.

— Belle ?

— Hum !… beaucoup de distinction.

— La position de M. Beyle était scabreuse, dit Pandore en faisant la moue.

— Très scabreuse ; vous allez en juger. Du moment qu’il plut à cette femme de voir de l’amour dans les attentions de Philippe, il n’y eut plus pour celui-ci que deux partis à prendre : ou se retirer, ce qui était maladroit et impoli, ou poursuivre la partie engagée, c’est-à-dire entrer hardiment dans la voie qu’elle lui indiquait.

— Et ce fut sans doute à cette dernière résolution qu’il s’arrêta ?