Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/154

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préceptes à mon usage, tout un bréviaire de galanterie. J’aimerai, et je saurai être fort.

« Mais je te vois venir, homme impatient et positif : tu me demandes comment a fini ce souper, tu veux savoir le dénouement de cette première entrevue. Je te connais, tu rêves déjà le : Ramenez-moi chez nous, de Molière. Fi ! esprit gaulois, philosophe brutal. Je n’ai ni les impatiences du premier âge ni le cynisme froid du second. J’ai reconduit Pandore chez elle, c’est vrai ; blottis tous deux au fond du coupé qui nous emportait, nous avons causé presque tendrement. Que veux-tu de plus ? Du reste, il n’y a que dix minutes entre les Provençaux et la rue Saint-Georges, où elle demeure.

« Enfin, elle m’a fermé sa porte au nez.

« Là, puisque tu veux tout savoir ! »


« 7 août.


« Tu recevras ces deux lettres ensemble et lorsqu’il ne sera plus temps de me donner des conseils.

« Depuis huit jours, Pandore est ma maîtresse. Elle a tout quitté pour moi, et principalement, à ce que j’ai appris, un protecteur d’une grande fortune et d’un beau titre, le comte d’Ingrande, qui l’aimait à la folie, et qui maintenant doit l’aimer plus encore.

« Je sais gré à Pandore de cette dignité de sentiment.

« De toutes les femmes que j’ai connues et tu sais si elles sont nombreuses — celle-ci est incontestablement la plus singulière, la plus nouvelle. Mes instincts d’analyste trouvent en elle leur pâture aussi bien que mes caprices d’amant. Elle participe du basilic pour la fascination, et je suis persuadé que dans les temps anciens elle appelait les passants du fond d’un puits.

« Elle me regarde quelquefois avec une expression que je ne saurais définir, et qui inquièterait un autre que moi.

« Tu conçois que je n’ai pas voulu rester au-dessous des sacrifices qu’elle m’a faits ; ses admirables cheveux blonds m’ont