Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/20

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— Pardonnez donc mon indiscrétion, dit Mme Abadie ; j’arrive maintenant à l’essentiel, car je sens qu’il faut que je me hâte… Voyez-vous un coffret au fond du placard ?

— Un coffret ? oui.

— Donnez-le-moi, dit-elle.

Lorsqu’elle l’eut :

— L’honneur est les intérêts de plus de cent familles sont contenus là-dedans. C’est un dépôt sacré qui me fut transmis et que je transmets à mon tour. Vous remettrez ce coffret, le plus tôt possible, à Mme la marquise de Pressigny.

— À Paris ?

— Non. Depuis un ou deux mois, la marquise de Pressigny habite, avec la comtesse d’Ingrande, sa sœur, la petite ville de la Teste-de-Buch, au bord de l’Océan, du côté des Landes, je crois.

— Il suffit.

— Rien dans le fait de ce dépôt ne doit alarmer votre conscience ; je vous ai parlé tout à l’heure de mon testament : tout ce que je possède y est affecté à mes héritiers naturels. Ce coffret ne renferme autre chose que mon testament moral, c’est-à-dire…

Elle parut hésiter.

— Achevez.

— C’est-à-dire la transmission d’un pouvoir auquel se rattachent, comme je viens de vous le faire entendre, les intérêts les plus considérables. Excusez les réserves dont je suis forcée de m’entourer ; il m’est impossible de m’expliquer davantage, et même, sans les circonstances exceptionnelles et terribles où je me trouve, je n’en aurais pas tant dit.

— Je ne vous ai rien demandé, madame.

— C’est vrai ; mais, partagée entre la crainte de passer à vos yeux pour une… visionnaire, et le désir de vous convaincre de l’importance de cette mission, j’ai cru devoir soulever le coin d’un secret qui n’appartient pas à moi seule.

— Soyez tranquille, dit-il ; j’ordonne à ma mémoire, et de la conversation de cette nuit je n’emporterai qu’une idée : celle de la sainteté de mon engagement.