Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/227

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Le comte se décida le premier à sortir de l’ombre.

— Approchez, madame, approchez ; dit-il en saluant révérencieusement ; nous sommes ici en compagnie, ou plutôt… en famille.

— Monsieur le comte ! dit-elle.

Le bouclier de Pallas, fameux par ses propriétés mortelles, l’eût moins frappée de stupeur que cette apparition, à cette heure, dans ce lieu. Elle se dirigea vers lui, cependant, comme pour s’assurer de son identité. Mais alors elle aperçut Amélie, et presque aussitôt Philippe Beyle. La dignité lui faillit pour la première fois : elle poussa un cri terrible.

— Ma fille ! s’écria-t-elle en courant vers elle avec un mouvement de lionne.

Puis, un tremblement la saisit.

— Ma fille, ici, avec…

Ses regards se fixèrent, chargés d’une incroyable haine, sur Philippe.

— Vous ! toujours vous ! s’écria la comtesse ; ah ! vous méritiez d’être l’ami de mon mari !

— Mieux encore, madame ! repartit le comte se redressant en face de l’insulte.

— Que voulez-vous dire ?

— Permettez-moi de vous présenter, quelque étrange que puissent vous paraître ce moment et cette circonstance (mais j’ai si peu l’occasion de vous voir), permettez-moi de vous présenter en M. Philippe Beyle l’époux que je destine à ma fille.

— Lui ! s’écria la comtesse.

— Lui, dit froidement le comte.

— L’époux d’Amélie ?

— Oui, madame.

— Jamais !

— Oh ! ma mère ! s’écria Amélie dont la douleur éclata en sanglots.

— Monsieur le comte, dit Mme d’Ingrande en étendant le bras sur sa fille ; monsieur, dit-elle à Philippe, je suis chez moi !