Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/226

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su que répondre, mais mon trouble lui a paru suspect, et… la voilà qui vient ; tenez !

La lumière d’un flambeau poussée par le vent éclairait en effet le front pâle de la comtesse, qui descendait lentement les marches du perron.

— C’est vrai, dit le comte qui restait tranquille.

La terreur s’était emparée de Philippe et d’Amélie.

— Oh oui ! partez, mon père !

— Partons, monsieur, dit Philippe.

— Gagnez la petite porte, voici la clef, dit Thérèse.

Le comte ne faisait pas un mouvement.

— Mon père, à quoi pensez-vous ? lui demanda Amélie à voix basse ; partez donc !

Il sourit.

— Hâtez-vous ! hâtez-vous ! ajouta Thérèse ; voici madame la comtesse ; prenez la clef.

— Donne.

Le comte laissa tomber la clef en la prenant des mains de la femme de chambre.

— Ô mon Dieu ! dit-elle, c’est comme un fait exprès.

Elle se baissa et chercha dans le sable. Pendant ce temps, la comtesse avançait, escortée de deux laquais. Des portions de charmilles, des détours d’allées, surgissaient tout à coup, fantastiquement éclairés.

— Ah ! fit Thérèse, voici la clef ; vous avez encore le temps.

— Crois-tu ? dit le comte qui demeurait immobile.

— Prenez par cette allée !

— Oui-da !…

— Oh ! mais vous voulez donc que madame la comtesse nous surprenne ! s’écria Thérèse au comble de l’angoisse.

— Précisément.

Amélie et Philippe furent pétrifiés.

— Ce sera autant de fait, se dit en lui-même le comte.

La comtesse d’Ingrande n’était plus qu’à dix pas. Elle s’arrêta en présence de ce groupe qui lui fut dénoncé par ses gens.