Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/232

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Mais la mère s’était trompée sur cette exclamation, et la fille se trompa à son tour sur ces caresses.

Amélie chercha les mains de sa mère, et, les lui saisissant, elle ne prononça que ce seul mot, où elle mit toutes ses supplications :

— Philippe !

La mère se redressa à ce nom détesté. Son émotion se dissipa soudainement. Elle retira ses mains de celles d’Amélie. Un silence se fit, anxieux, décisif. Amélie implorait toujours. La comtesse d’Ingrande sortit, inflexible. Alors, un cri déchirant s’échappa de la poitrine de la jeune fille. La mère dut l’entendre, car ses pas retentissant encore dans l’antichambre. Mais elle ne revint point.

Ce fut la marquise de Pressigny qui apparut, écartant une portière de velours. La marquise était radieuse de joie : elle tenait à la main une lettre décachetée.

— Tu l’épouseras ! s’écria-t-elle.

— Que dites-vous, ma tante ? demanda Amélie, les yeux encore égarés.

— Tu l’épouseras, lui, ton Philippe !

— Est-ce la vérité ?

— Les obstacles sont détruits ; rien n’empêche ton bonheur à présent.

— Oh ! toutes ces secousses, toutes ces alternatives me brisent, ma tante…

— Je te dis qu’il sera ton mari, répéta la marquise ; je t’en fais le serment.

— Mais ma mère ? murmura Amélie qui n’était pas entièrement revenue de l’effroi que lui avait causé la scène précédente.

— Ta mère pardonnera… plus tard. En attendant, il s’agit de rendre Philippe digne de notre alliance, de le faire riche, considéré, et je m’en charge !

— Que vous êtes bonne, ma tante !