Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/263

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courageuses, bien nées, vaincues mais non soumises, se prêtant dans l’ombre un mutuel appui, c’était tout ce qu’avait pu rêver après la déroute la fière amazone. Toutefois, la force des événements avait déjà pesé sur les formes de l’association féminine : la nécessité de chercher aux jours du danger aide et secours au-dessous de soi, de conquérir, par la confiance, des dévouements, avait entraîné dans plus d’un cas la violation du secret.

En un mot, il avait fallu s’adjoindre des femmes violation du peuple.

On sait quel fut le sort des personnages fameux de la Fronde et particulièrement des femmes qui y avaient joué un rôle ; c’est dire quel fut le sort des premiers membres de la Franc-maçonnerie des femmes de France. Mademoiselle expia, dans une union disproportionnée, sous les dédains d’un aventurier, son amour entêté de l’indépendance. Tous les autres chefs, les uns après des exils temporaires, les autres, fatigués de leur isolement, se retrouvèrent au rendez-vous commun de la pénitence, la plupart au couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques, où le souffle du jansénisme vint encore quelquefois caresser leurs idées d’opposition.

Néanmoins, des souvenirs d’un triomphe éphémère et de ces épreuves communes étaient résultées des affinités réelles, durables.

Un signe, un mot, un appel obtenaient des sacrifices ; on retrouvait en face de tel visage entrevu à travers la fumée de la poudre, sur les barricades, dans l’exil, dans la fuite, les forces de la jeunesse, les ressources d’un crédit qu’on croyait épuisé ; et c’est par cet échange de services, par ce commerce de protections que fut constituée, au dix-septième siècle la Franc-maçonnerie des femmes.

Plus tard, cette franc-maçonnerie reçut son organisation ; elle eut son code, ses loges, ses titres, ses cérémonies. Il était naturel qu’elle eût été emprunter à la franc-maçonnerie des hommes les traditions indispensables de ses épreuves et de ses mystères. Aussi les rapports entre l’une et l’autre de ces institutions ne manqueront-ils pas de se produire dans le cours de cette histoire. La Franc-maçonnerie des femmes traversa le dix-huitième siècle avec éclat et s’y installa solidement ; elle