Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/292

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de Marianna. Laissez-moi compléter vos renseignements, comme vous venez de compléter les miens.

— Avec plaisir, dit Philippe.

— Marianna est riche aujourd’hui, très riche ; elle est presque millionnaire.

— Millionnaire ! Comment ? Par quel hasard ?

— En mourant, Irénée de Trémeleu lui a légué toute sa fortune.

— M. de Trémeleu est mort ?… dit Philippe, dont le front se rembrunit.

— Aux îles d’Hyères, où Marianna l’avait accompagné.

— C’était un homme de cœur, dit Philippe Beyle, devenu pensif.

— Dès lors, vous devez comprendre, à votre tour, combien il est difficile d’offrir un engagement à une personne que l’administration de sa fortune doit préoccuper exclusivement.

— Dans cette circonstance, on ne l’offre pas.

— Que fait-on ?

— On l’impose.

— Peste ! comme vous y allez !

— N’y a-t-il pas des précédents dans les annales dramatiques de la Russie ? Il me souvient d’avoir entendu plusieurs fois raconter certaines razzias exécutées pour le compte de Sa Majesté impériale.

— Oh ! des contes !

— On cite les noms de plusieurs comédiennes enlevées…

— Par des pirates barbaresques, c’est possible, mais pas par les Russes.

— Hum ! monsieur Blanchard, croyez-vous que la conscience de M. de Guédéonoff soit bien nette à ce sujet ?

— Je ne l’ai jamais interrogé.

— Eh bien ! interrogez-le.

— Volontiers.

— Parlez-lui en même temps avec enthousiasme de Marianna, de l’éclatante résurrection de sa voix, du réveil inespéré de son génie. Il en sera frappé, j’en suis sûr.

— J’en serais plus sûr s’il pouvait vous entendre vous-même,