devez me les faire connaître. Nous serons mieux à deux pour les conjurer.
— Vous vous trompez, vous dis-je.
— Une dernière fois, Amélie, voulez-vous parler ou vous taire ?
— Parler, c’est appeler sur vous le malheur.
— Vous taire, c’est ordonner mon départ.
Amélie, épuisée par ce débat, alla retomber dans un fauteuil.
— Vous usez envers moi de violence morale, dit-elle à mots entrecoupés ; je succomberai, je le sens. Mais laissez-moi vous exposer les résultats de la faute que vous vous obstinez impitoyablement à me faire commettre. Vous aurez été le seul coupable, nous serons deux victimes.
— Je n’en crois rien, dit Philippe.
— Vouloir que je parle, c’est vouloir que je meure.
— Folie !
— Grâce pour moi et pour vous ! dit-elle en joignant les mains.
— Amélie ! le temps se passe ; j’ai quelques préparatifs à faire. Je vous écrirai.
Il avait ouvert la porte. Amélie ne fit qu’un bond et qu’un cri :
— Ah ! ne t’en va pas !
Et elle l’entoura de ses bras, et elle le couvrit de ses sanglots.
— Laissez-moi ! murmura-t-il en portant la main à son cœur, comme pour l’empêcher de se briser.
— Philippe !
— Non ! dit-il en la repoussant.
— Eh bien ! tu sauras tout… et je mourrai !