Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/36

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— Vous ligueriez-vous avec lui contre moi ? demanda Mme d’Ingrande.

— Au contraire ; mais…

— Mais quoi ?

— Je crains bien que votre résistance n’augmente son désir.

— Oh ! il est insupportable, à la fin, votre M. Blanchard ! Dites-lui que nous ne voyons personne, absolument personne.

— Il ne me croira pas ; il saura, en s’informant, que j’ai l’honneur d’être reçu chez vous tous les jours.

— Mais vous, c’est bien différent, mon cher Irénée ; vous êtes presque de la famille ; je vous ai connu enfant ; vos domaines sont voisins des nôtres ; M. de Trémeleu, votre grand-père, avait émigré avec le mien ; et puis, enfin, je ne compte pas toute l’affection que nous avons pour vous…

Irénée s’inclina en signe de gratitude.

— M. de Blanchard, dit-il, connaîtra dès ce soir vos intentions.


À partir de cet épisode, la conversation ne fit plus que s’égarer dans les généralités.

Quelques voiles blanches commençaient à courir sur le bassin d’Arcachon, dont elles rompaient agréablement les grandes lignes. Les unes se dirigeaient vers l’île des Oiseaux, qui doit son nom à la quantité prodigieuse d’oiseaux de mer auxquels elle sert de refuge ; les autres, vers la chapelle de Notre-Dame, située au milieu de houx et de chênes énormes.

C’étaient de ces petites embarcations appelées tilloles dans le pays, et ne pouvant contenir plus de six personnes.

Amélie, dont l’attention était distraite par ce spectacle, regarda la marquise de Pressigny avec un sourire qui, sans doute, équivalait à une prière, car celle-ci, s’adressant immédiatement à la comtesse :

— À propos, ma chère sœur, dit-elle, avez-vous pensé à demander le canot pour trois heures ?

— J’ai chargé Thérèse de ce soin, répondit Mme d’Ingrande.

— Est-ce que vous faites aujourd’hui une promenade en mer ? dit Irénée.