Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/373

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un soutien de plus à notre institution ! Qu’une de nos sœurs conductrices introduise l’aspirante.

Marianna se détacha d’un groupe, et se dirigea vers la porte. Amélie apparut alors vêtue de blanc, pieds nus, les mains liées et les yeux bandés. À son entrée, les femmes étaient descendues des gradins, et elles s’étaient placées de nouveau sur deux lignes. Marianna conduisit Amélie devant la grande-maîtresse, après lui avoir fait faire le tour de l’autel.

— Quel motif vous amène ici ? demanda la grande-maîtresse.

— Le désir d’être initiée, répondit Amélie.

— L’inconséquence et la curiosité n’ont-elles aucune part à cette démarche ?

— Aucune, je l’affirme.

— Savez-vous quels sont les devoirs d’une franc-maçonne ?

— Ils consistent à aimer ses sœurs, à leur être utile, à s’instruire dans la pratique de leurs vertus.

— Vous ne dites pas tout, reprit la grande-maîtresse ; la tâche principale de la Franc-maçonnerie est de chercher à rendre le genre humain aussi parfait qu’il peut l’être. En nous élevant au-dessus des préjugés, nous ne sommes préoccupées que de conquérir la reconnaissance générale. L’engagement que vous allez contracter vous confirmera dans l’idée de vos devoirs envers l’humanité, la religion et l’État. Mais, malgré la confiance et l’estime que vous m’inspirez, il est indispensable que je consulte la loge ; je ne suis que la première entre mes égales.

S’adressant à l’assemblée :

— Est-il quelqu’un de vous, mes chères sœurs, qui s’oppose à la réception de l’aspirante ?

Pas une voix ne s’éleva.

— Alors, débarrassez ses mains de leurs entraves ; il faut être libre pour entrer dans notre ordre.

Marianna coupa les liens d’Amélie.

— Détachez aussi le bandeau qui lui couvre les yeux, symbole de sa bonne foi.