Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/400

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clandestines et les quatre rues qui y aboutissent. Une serre conduit à la salle des séances ; on y trouvera des preuves, des insignes. Il y aura scandale, je vous en avertis, car je suis déterminé à tout. Je suppose même que les magistrats auxquels je m’adresserai, que le préfet de police, que le ministre de la justice se refusent à provoquer un éclat ; j’admets que votre institution trouve des protections jusque sur les marches du trône ; j’en appellerai au public. Pour parvenir à lui, tous les moyens me seront bons : le journal, le mémoire, l’affiche, le livre. J’ai des amitiés nombreuses, je les intéresserai à ma cause. Ma voix sera entendue, je défie vos bâillons. Je révélerai vos ignobles mystères, vos ridicules cérémonies ; je vous renverserai, entendez-vous, je vous renverserai.

— Vous divaguez…

— Non, car vous êtes pâles et vous tremblez.

— Moi !

— Réfléchissez-y, dit Philippe. Une séquestration de personnes est sévèrement punie ; du même coup, votre vengeance ruinera votre association.

Marianna se leva.

— Est-ce tout ce que vous avez à me dire ? demanda-t-elle froidement.

— Non. J’ai un mot à ajouter.

L’accent dont, à son tour, il accompagna ces paroles épouvanta presque Marianna. Il s’approcha d’elle, et la brûlant du regard :

— Vous avez osé toucher à Amélie. J’aurais tout oublié, excepté cela. L’entretien que nous venons d’avoir sera le dernier, probablement ; gravez-le dans votre mémoire. Retenez bien ceci surtout : dans deux heures, Amélie sera chez moi, ou le secret de la Franc-maçonnerie des femmes sera livré aux quatre vents de Paris.

Philippe Beyle partit après cette déclaration. Au bas de l’escalier, il retrouva le comte d’Ingrande qui l’attendait. Lorsqu’elle se fut bien assurée que la porte du pavillon s’était refermée sur leurs pas, Marianna alla écarter un rideau derrière lequel il y avait quatre femmes.