— Démence paisible, n’est-ce pas ? et cependant vanité exagérée.
— Il s’imagine être une pièce curieuse.
— Les lettres de l’écriteau ont-elles été tracées de sa main ?
— Nous pouvons le lui demander.
D’abord stupéfait, M. Blanchard fut pris d’une irrésistible hilarité en entendant ces étranges paroles. Pendant plusieurs secondes il se tordit sur son marchepied.
— C’est cela, ajouta le monsieur décoré ; dilatation nerveuse par le rire, joie sans motifs.
— Bravo ! bravo ! dit M. Blanchard, dès qu’il put articuler.
— Si nous l’interrogions sur son identité ? demanda un de ces trois observateurs.
— Il n’y a pas de danger à cela, répondit le plus âgé.
— Monsieur… prononça le premier en s’adressant à M. Blanchard.
— Oui ! oui ! très bien ! dit M. Blanchard se tenant toujours les côtés.
— Voulez-vous nous faire l’honneur de nous dire qui vous êtes ?
— Parfait ! la scène des médecins de Molière. Ah ! ah ! ah !
— Manie théâtrale ; il n’est constamment occupé que de choses de comédie…
— De bravos…
— De relâches…
— Il n’a pas répondu cependant à ma question ; permettez-moi de la lui poser en de nouveaux termes.
— Volontiers.
— Est-ce à M. Blanchard que nous avons l’honneur de parler ?
— À lui-même, messieurs.
— Est-il vrai qu’il demeure dans un omnibus ?
— Pas précisément, mais dans une voiture aussi grande qu’un omnibus.
— Nous permettra-t-il de visiter son domicile ?
— Avec plaisir, messieurs ! répondit M. Blanchard aves des démonstrations de politesse exagérées et comme s’il donnait la réplique à des acteurs.