Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/429

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. Blanchard voulut se récrier.

— Ne dites rien, lui dit le fou ; je suis invisible.

— « Corne-bœuf ! Pasques-Dieu ! la sambregoi ! mes cavaliers, je jure qu’il en restera au moins quatre de vous sur le carreau ! s’écria l’épais Amaury en soulevant lourdement son hanap ciselé… »

— Assez ! assez, de grâce ! dit M. Blanchard, que la mauvaise humeur commençait à gagner.

— C’est un épisode de la guerre des Albigeois, murmura le romancier confus.

Depuis quelques minutes, M. Blanchard prêtait l’oreille à un bruit qui l’inquiétait, une espèce de grattement, qui partait du côté du colonel.

— Entendez-vous ? dit M. Blanchard.

— Chut !

— C’est donc vous ?

— Oui, répondit le colonel ; faites comme moi, je tire de ma chaise autant de paille que je peux.

— Mais elle va se défoncer.

— Soyez tranquille.

— « Le général de Moranges n’était pas un de ces hommes ordinaires qui, après avoir affronté le feu des batailles, s’en vont paisiblement, retirés au fond d’un château, tourner le fuseau d’Hercule aux pieds d’une Omphale de sous préfecture. C’était une âme de bronze… »

— Ah ! vous devenez fatigant, mon cher ! s’écria M. Blanchard.

— La suite au prochain numéro, dit le fou en baissant la tête.

Aucun autre incident ne signala le dîner. Il était impossible que la conversation se généralisât. Le dessert achevé, on ramena les pensionnaires à leurs divisions respectives, où, après une séance assez animée dans la salle de réunion, chacun d’eux se retira, selon son degré de fortune, dans le dortoir commun ou dans la chambre qui lui était particulière.

Privé de sa voiture pour la première fois depuis un an, M. Blanchard se coucha avec un dépit réel dans la cellule qui lui avait été affectée. En découvrant son lit, il aperçut sous