Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/437

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Dès que l’infirmier fut parti :

— Monsieur, dit M. Blanchard au médecin, je vous crois honnêtes homme. Bien que vous soyez fatigué de réclamations semblables à la mienne, il est cependant des fibres chez vous qu’on peut faire vibrer. En dépit de la certitude apparente de vos renseignements, veuillez supposer qu’il ait été possible de surprendre votre bonne foi.

— Je consens à cette supposition, monsieur ; où voulez-vous en venir ?

— Vous êtes marié, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur, dit le médecin, étonné de se voir lui-même mettre en jeu par son sujet.

— Eh bien ! si à mon tour, je vous affirmais sur l’honneur avoir vu votre femme à cette assemblée, que m’objecteriez-vous ?

Le médecin parut se recueillir, puis, après quelques moments :

— Monsieur, je vous répondrais d’abord que cela m’importe peu, parce que ma confiance en ma femme est illimitée, et ensuite que cela n’importe pas du tout à votre cause. Des femmes se réunissent et choisissent pour lieu de réunion un endroit solitaire ; pourquoi vous arrogez-vous le droit de venir les y troubler ? Les œuvres qu’elles y accomplissent tombent-elles sous votre juridiction ? Êtes-vous un magistrat ou un simple particulier ? Et quel autre intérêt que celui d’une curiosité puérile vous a guidé dans vos prétendues découvertes ?

M. Blanchard demeura abasourdi. Le médecin continua :

— Vous me parlez d’une Franc-maçonnerie de femmes ; mais monsieur, je n’ai jamais ignoré, et la justice non plus, n’a jamais ignoré l’existence de cette Franc-maçonnerie. Vos révélations ne sont rien moins que nouvelles ; c’est comme si vous veniez nous dénoncer en grand mystère les bureaux de bienfaisance et le mont-de-piété.

Les regards de M. Blanchard se portèrent sur le médecin avec un égarement réel.