Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/54

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— Attendez. Oui. Comme qui dirait une femme… une femme évanouie…

— Marianna, sans doute ! Il lui sera arrivé quelque accident. Venez ! venez !

Il s’élança, éperdu. M. Blanchard le suivit, après quelques secondes de réflexion ; car la réflexion ne perdait jamais ses droits chez M. Blanchard.

Les deux barques allaient aborder. Au fond de la première, on apercevait distinctement une femme couchée, aux vêtements humides, la tête reposant entre les mains d’un jeune homme. Ce fut à cette barque que courut immédiatement Irénée de Trémeleu. À peine le plus âgé des rameurs qui la conduisait eut-il sauté sur le rivage pour la faire avancer, qu’il se sentit saisir au collet.

— Oh ! s’écria-t-il avec humeur en se retournant, qu’est-ce donc qui vous prend, M. Irénée ?

— Cette femme… réponds… c’est toi, Péché, qui l’as conduite… d’où vient son évanouissement ?

Le Testérin qu’on appelait Péché, et qui ressemblait à un dogue bourru, répondit avec un haussement d’épaules :

— Ah bah ! une misère. Il faut toujours que les femmes s’évanouissent, vous savez. Celle-ci a été effrayée par les crabes qu’elle a vus dans mon bateau. Elle s’est reculée trop brusquement et elle est tombée à l’eau, presque à la hauteur du cap Ferret.

— Mais c’est un des endroits les plus dangereux du bassin.

— Je crois bien. Aussi nous a-t-elle donné un fier mal pour la repêcher. Un instant nous avons cru que nous n’en viendrions pas à bout, et sans mademoiselle d’Ingrande ?

— Oui ; cette brave petite s’est jetée à la nage, au risque d’être engloutie par les tourbillons, et, en trois tours de bras, elle vous l’a ramenée par la ceinture. Je dis qu’il était temps.

Péché attira la barque avec les deux mains, et la fit échouer sur le sable.