Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/53

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— Oh ! pardon ! s’écria Irénée confus.

— Vous êtes distrait, dit M. Blanchard.

— Excusez-moi ; mais si vous saviez…

— Si je savais ?

— Tenez, apercevez-vous ces deux barques, là-bas ?

— Oui ; elles voguent de concert et vont sans doute aborder en face de nous.

— Eh bien, dans l’une de ces deux barques probablement il y a ma vie.

— Parlez-vous sérieusement ?

Irénée, pour toute réponse, se retourna vers M. Blanchard et lui tendit une main qui brûlait.

— Eh mais ! dit M. Blanchard en se penchant lui aussi à la fenêtre, l’une de ses deux barques est celle de l’hôtel.

— Vous en êtes sûr ?

— Parbleu ! elle emportait d’ici, il y a quelques heures à peine, une femme très jolie qu’accompagnait un jeune homme. Je me suis croisé avec eux dans l’escalier, et j’ai même surpris ces paroles :

« Souffrez-vous toujours autant, Marianna ? »

— Marianna !

Après avoir répété ce nom, Irénée ne quitta plus des yeux les points que traçaient les deux voiles sur le bassin. Debout derrière lui, M. Blanchard attendait.

— Je reconnais le canot de l’hôtel, en effet, murmura Irénée ; mais alors c’est bien extraordinaire…

— Pourquoi donc ?

— C’est que, si je ne me trompe pas, l’autre canot est celui de la comtesse d’Ingrande.

— De la comtesse ?

— Oui, je distingue maintenant la bande bleue.

Ils se turent d’un commun accord, pendant que les deux embarcations continuaient de s’avancer parallèlement. Elles ne furent bientôt qu’à une faible distance de terre. Alors Irénée, tressaillant, s’écria :

— Ah ! mon Dieu !

— Qu’avez-vous ? demanda M. Blanchard.

— Ne voyez-vous pas, étendu au fond de cette barque, quelque chose de blanc ?…