Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/59

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— Il suffit, dit Irénée en introduisant le petit portefeuille dans la poche de son gilet.

M. Blanchard observait attentivement l’expression malicieuse qui faisait briller l’œil du Testérin. Il voulut l’interroger à son tour.

— Un mot encore, brave homme, lui dit-il.

— À moi, monsieur ?

— À vous. Pourquoi ne trouvez-vous pas préférable de rendre vous-même ce carnet aux mains de ses véritables propriétaires ? En agissant autrement, et en employant un intermédiaire, vous vous privez peut-être d’une récompense méritée.

Péché fit un mouvement et regarda M. Blanchard ; puis, avec un ricanement grossier :

— Ma foi, monsieur, répondit-il, s’il est vrai que je sois sorcier, comme disent les autres, je crois bien que vous êtes un peu de ma famille. Mais à bon chat, bon rat. Qui est-ce qui vous dit que ce que j’ai fait ne me vaudra pas deux récompenses au lieu d’une ?

M. Blanchard eut un geste de dégoût.

— Après cela, continua sournoisement Péché, si M. de Trémeleu pense comme vous, il n’a qu’à me rendre la chose…

Sa main se tendait déjà pour ravoir le carnet.

— Non, dit vivement Irénée ; tu as bien agi, et en voici la preuve.

La main de Péché se referma sur une pièce de vingt francs. Irénée et M. Blanchard rentrèrent immédiatement à l’Hôtel du Globe. Là, dans une chambre du premier étage, et selon l’engagement qu’il avait pris, Irénée initia son nouveau témoin à l’histoire de ses relations avec Marianna - la jeune femme si impatiemment attendue et tout à l’heure si brusquement mise en scène. Comme c’est sur cet important récit que pivote notre action entière, nous prendrons la liberté de nous substituer à Irénée, et cela, autant pour accuser ou repousser certains épisodes que pour sauver à nos lecteurs la monotonie d’un soliloque trop prolongé.