Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/92

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de la Teste, a promis d’assister au concert de charité qui doit avoir lieu ce soir. Elle y viendra avec sa fille et avec sa sœur.

— Avec la marquise de Pressigny… vous en êtes bien sûr ? demanda M. Blanchard.

— Leur parole est engagée.

— Ensuite ?

— Ce sera, si vous le trouvez bon, cette circonstance que je choisirai pour votre présentation.

M. Blanchard parut réfléchir.

— Oui, dit-il au bout de quelques instants, et comme s’il se parlait à lui-même ; oui, vous avez raison… Autant là que chez elle ; c’est un terrain neutre… Et puis, au milieu du bruit, parmi la foule, je saisirai plus aisément l’occasion… C’est convenu ; à ce soir.

Irénée était trop préoccupé lui-même pour prêter une grande attention aux paroles de M. Blanchard, échappées d’ailleurs à mi-voix. Mais en le voyant près de s’éloigner :

— Où allez-vous ? demanda Irénée.

— Prévenir notre batelier et prendre heure avec lui pour demain matin. Je l’aperçois en bas, au milieu de ces sauvages et de ces sauvagesses.

En effet, Péché (car c’était de lui qu’il était question) se trouvait en ce moment le point de mire et d’envie de ses compatriotes. Cependant, comme tout triomphe a son envers, quelques tchankas, plus mécontents que les autres, menaçaient de lui faire un mauvais parti ; ils l’accusaient d’avoir traîtreusement fourvoyé son bâton dans les échasses de deux ou trois d’entre eux, au moment où ils allaient peut-être atteindre le but avant lui. L’approche de M. Blanchard empêcha ou du moins suspendit leurs projets ; ils s’arrêtèrent pour le laisser causer avec Péché, ainsi qu’il en manifestait l’intention. La conversation ne fut pas longue. Nous avons donné à entendre que Péché n’était pas un homme absolument scrupuleux. Sans être mis au fait par M. Blanchard, il promit de se trouver à cinq heures du matin, avec sa barque, à quelque distance de l’hôtel, et de le conduire,