Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/32

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sont charmants ; est-ce de la rue du Roule ? Pour moi, je suis fou de cet homme-là ; tout ce qu’il vend est d’une cherté et d’un rare…

« — Mais, oui, cela est assez bien choisi.

« — Comment ! il y a un goût miraculeux dans tout cela ; voilà des magots de la tournure la plus frappante, entre autres celui-ci : il ressemble comme deux gouttes d’eau à votre benêt de mari.

« — Ah ! paix, dit la comtesse ; j’ai une affaire entamée avec lui, qui fait que je le vois depuis quelques jours. J’ai boudé, j’ai eu des vapeurs ; enfin, je crois que tout cela me vaudra un attelage de six chevaux soupe au lait, dont je suis folle à en perdre le boire et le manger.

« — À propos de chevaux, reprit le marquis, vous rouvrez une plaie encore saignante : il m’en est mort un des miens, qui était bien la meilleure bête… Je l’avais gagné au cavagnol.

« — Quelle folie ! dit-elle ; depuis quand joue-t-on des chevaux au cavagnol ?

« — Mais cela n’est point neuf ; d’où venez-vous donc pour ignorer qu’à la cour, quand l’argent manque, nous jouons tout, terres, équipages, chevaux,